On a le droit aux regrets

Il y a peu j'ai vu un article sur le site "parole de maman" qui m'a interpellé. Un article sur une lettre écrite par une maman avouant son regret d'avoir eu ses enfants. Plus que l'article lui-même ce sont les commentaires négatifs lus sur Facebook qui m'ont surtout interpellés. Des jugement arbitraires, des démonstrations d'intolérance envers une maman qui s'est juste montrée sincère. Beaucoup n'ont lu que le mot "regrets" sans chercher à les comprendre et surtout en faisant l'amalgame entre "regretter avoir eu des enfants" et "ne pas aimer ses enfants". Parce qu'il y a une nuances et une grande même. J'aurais moi même pu écrire ces mots au risque de vous choquer.

Avoir des regrets c'est avoir du chagrin, c'est se repentir ou encore avoir des déceptions. Ça ne veut pas dire ne pas aimer ses enfants. J'ai parfois le regret d'avoir eu Loustic. Pas à cause de loulou bien au contraire. Je l'aime tellement, que je suis déçue de moi. De ne pas être cette maman que je voulais. Mais ça je ne pouvais le savoir avant, je ne pouvais prévenir les bouleversements, les inquiétudes. 

La comparaison peu surprendre mais qui n'a pas eu un jour à regretter un achat ? Comme cette petite robe si jolie sur laquelle on a craqué, elle est belle, on l'a imaginée, on l'a désirée. Mais après achat, après réflexion, après l'avoir passée on se rends compte que finalement elle ne nous va pas si bien que ça et on regrette notre achat mais on la trouve toujours belle malgré tout. Ce n'est finalement pas la robe la déception, c'est notre façon de la porter. Bien sûre le préjudice est moindre, nous n'avons perdu que quelques euros. Mais peut-être un jour avec quelques kilos en moins elle nous ira à la perfection et ce jour là nos regrets ne seront plus. Les regrets d'aujourd'hui ne sont pas les regrets de demain. Au contraire, ces regrets peuvent être constructifs. Ils peuvent nous faire avancer. Pour cette petite robe, peut-être a-t-elle été le déclic pour un régime nécessaire (c'est du vécu lol). 

Les regrets de cette maman à ce moment précis ne seront peut être plus demain. Une maman largement considérée comme égoïste pour regretter sa vie d'avant. Cette vie sans enfant qu'elle regrette n'est peut-être que le signe de la peur de l'avenir. Quand on a peur, on se refugie bien souvent dans des souvenirs rassurants, dans un univers familier alors qu'être parent est une inconnue au quotidien. 

Devenir maman m'a bouleversée autant positivement que négativement. Avec Loustic j'ai découvert un amour inconditionnel mais un amour source de grandes angoisses. Parfois les regrets s'imposent à moi. Je regrette ces moments sans lui, ces moments plus insouciants, plus égoïstes oui, cette période où la vie d'un petit bout ne reposait pas sur moi. Parce que être mère c'est plein d'amour, de jolis moments mais aussi une très grande responsabilité qui parfois peu inquiéter et faire peur. 

En ces moments difficiles que nous traversons actuellement il m'arrive de regretter cette vie d'avant. On peut entendre là que je regrette ma vie de maman, je regrette d'avoir eu Loustic, je suis déçue de ne pas arriver à l'aider parce que JE L'AIME. Alors oui on peut regretter d'avoir eu un enfant et l'aimer quand même.

Mais les regrets ne sont pas immuables. La vie n'est pas figée, elle répond à des variables rien n'est arrêté. Peut-être qu'avec quelques ajustements cette maman verra ses regrets s'évaporer peu à peu. J'espère à le croire. J'ai espoirs de temps meilleurs. La peur n'est pas constante, elle peut s'affronter. À l'heure où l'on demande tolérance et bienveillance envers nos enfants, on se juge les unes et les autres sans faire preuve ici de bienveillance. 

Alors oui on peut regretter un jour mais ça ne veut pas dire que l'on regrettera toujours. Les regrets ne veulent pas dire ne pas aimer. Ça peut dire avoir peur, être effrayée. Avoir conscience de ses regrets c'est aussi pouvoir les faire disparaître, se remettre en question et parfois devoir prendre un autre chemin, c'est garder espoir. 

Qui n'a plus d'espoir n'aura plus de regrets 

(William Shakespeare)